Faire moins mais mieux afin de pouvoir apporter la plus grande contribution possible. Voilà la définition la plus simple de l’essentialisme. Cela ne signifie pas de faire moins seulement pour le plaisir de faire moins. Il s'agit plutôt de faire l'investissement le plus sage possible de notre temps et de notre énergie afin d’avoir la plus grande contribution possible en ne faisant que l'essentiel.
C’est en lisant le livre « Essentialism – the Disciplined Pursuit of Less » de l’auteur Greg McKeown que j’ai découvert cette approche. Cette lecture a été marquante pour moi parce que j’ai rapidement réalisé que j’étais loin de l’appliquer au quotidien. Moi qui ai longtemps cru qu’on pouvait tout faire dans la vie (et parfois même tout en même temps!), ça m’a véritablement ouvert les yeux. J’ai pris conscience que l’essentialisme était sans doute la façon d’arriver à accomplir mes objectifs, mes projets et mes rêves sans tomber dans le piège de l’éparpillement, de la fatigue et de l’épuisement.
Parce que l'essentialisme est plus qu'une stratégie de gestion du temps ou une technique de productivité. L’essentialisme c’est chercher délibérément à distinguer l’essentiel de l’insignifiant, en éliminant le superflu, afin de disposer du temps nécessaire pour accomplir l’essentiel. Ce n’est qu’une fois qu’on s’est donné la permission d’arrêter de vouloir tout faire, de dire oui à tout le monde, qu’on pourra diriger notre contribution vers les actions qui comptent vraiment.
En nous forçant à appliquer des critères plus sélectifs qui permettent de distinguer ce qui est essentiel, cela permet de reprendre le contrôle de nos propres choix en choisissant où investir notre précieux temps et notre énergie au lieu de donner aux autres la permission implicite de choisir pour nous.
L'essentialisme n'est pas une chose de plus à faire, c'est une nouvelle façon de tout faire. Il s'agit de faire moins, mais mieux, dans tous les domaines de notre vie.
La sagesse de la vie consiste à éliminer ce qui n’est pas essentiel. – Lin Yutang
Prendre le temps de se questionner
Combien de fois avez-vous réagi à une demande en disant oui sans vraiment y penser? Combien de fois avez-vous regretté de vous engager à faire quelque chose et vous êtes-vous demandé : « Pourquoi j’ai dit oui à ça? » À quelle fréquence dites-vous oui simplement pour plaire? Ou pour éviter les ennuis? Ou parce que « oui » est devenu votre réponse par défaut?
Moi, ça m’arrive souvent. Au point de perdre le contrôle de mon temps, de mes priorités et de me brûler comme je l’ai expliqué dans ce blogue.
Si vous vous êtes déjà senti à la fois surmené et sous-utilisé, si vous vous sentez parfois occupé mais pas productif ou si vous avez l’impression d’être toujours en mouvement mais que vous n’allez nulle part, appliquer l’essentialisme au quotidien pourrait sans doute vous aider.
L'essentialisme n'est pas un processus qu’on entreprend une fois par an, une fois par mois, ou même une fois par semaine. C'est une discipline que l’on doit appliquer chaque fois qu’on est confronté à une décision. C'est une méthode pour faire le compromis difficile entre « faire beaucoup de bonnes choses » et « faire quelques très bonnes choses ». Il s'agit d'apprendre à faire moins mais mieux afin de pouvoir obtenir le meilleur retour possible sur chaque moment précieux de votre vie.
Ça veut donc dire qu’on doit s'arrêter constamment pour se demander : « Est-ce que j'investis dans les bonnes activités ? » Évidemment, il y a beaucoup plus d'activités et d'opportunités que nous n'avons de temps et de ressources pour investir. Mais la réalité c’est que la plupart sont insignifiantes et que peu sont réellement essentielles.
L’essentialisme implique d'apprendre à faire la différence, d'apprendre à filtrer toutes ces options et de ne sélectionner que celles qui sont vraiment essentielles.
La différence entre quelqu’un qui est un « non-essentialiste » et un « essentialiste » est représentée la figure ci-contre[1]. Dans les deux images, on y retrouve la même quantité d'effort. Dans l'image de gauche, l'énergie est divisée en de nombreuses activités différentes. Le résultat est que nous avons l'expérience insatisfaisante de faire un millimètre de progrès dans un million de directions. Dans l'image de droite, l'énergie est donnée à moins d'activités. Le résultat est qu'en investissant dans moins de choses, nous avons l'expérience satisfaisante de faire des progrès significatifs dans ce qui compte le plus.
L’essentialisme rejette l'idée que nous puissions tout faire. Au lieu de cela, il nous oblige à faire de vrais compromis et à prendre des décisions difficiles.
Au lieu de faire des choix de manière réactive, l'essentialiste a délibérément distingué les quelques éléments essentiels des nombreux éléments insignifiants. En d'autres termes, l'essentialisme est une approche disciplinée et systématique pour déterminer où se situe notre point de contribution le plus élevé, puis rendre l'exécution de ces choses presque sans effort.
Voici un résumé du modèle de l'essentialisme.
Source : Essentialism – the Disciplined Pursuit of Less, page 8. Traduit par organisologie.com.
Le paradoxe du succès
Que se passerait-il si on pouvait trouver la seule chose que vous pourriez faire et qui apporterait la plus grande contribution ?
De nombreuses personnes intelligentes et ambitieuses ont des raisons parfaitement légitimes d'avoir du mal à répondre à cette question. Selon Greg McKeown, l'une des raisons est que dans notre société, nous sommes punis pour un bon comportement (dire non) et récompensés pour un mauvais comportement (dire oui). Dire non est souvent gênant dans l'instant, et dire oui est souvent célébré dans l'instant présent.
Cela conduit à ce que Greg McKeown appelle « le paradoxe du succès », qui se déroule généralement en quatre phases prévisibles :
Phase 1 : Lorsque nos objectifs sont vraiment clairs, cela nous permet de réussir dans notre entreprise.
Phase 2 : Lorsque nous avons du succès, nous avons la réputation d’être une personne incontournable. Nous devenons « ce bon vieux (insérer le nom), qui est toujours là quand vous avez besoin de lui, et on nous présente de plus en plus d'options et d'opportunités.
Phase 3 : Lorsque nous avons plus d’options et d’opportunités, cela engendre souvent un éparpillement de notre temps et de notre énergie, et nous conduit en conséquence à des efforts diffus. On s’essouffle alors petit à petit.
Phase 4 : Résultat : nous sommes détournés de ce qui serait autrement notre plus haut niveau de contribution. L'effet de notre succès a été de diluer la clarté qui a conduit à notre succès en premier lieu.
En d'autres termes, le succès peut nous empêcher de nous concentrer sur les choses essentielles qui sont pourtant à l’origine même de ce succès. Voilà donc pourquoi il est nécessaire de rester vigilant en tout temps et de revenir à l’essentiel.
Trop de choix
Nous avons tous observé l'augmentation exponentielle des choix qui s’offre à nous dans la vie. C’est peut-être à cause de cela que nous avons perdu de vue ce qui est le plus important.
Greg McKeown avance l’idée que pour la première fois, la prépondérance du choix a dépassé notre capacité à le gérer. Nous avons perdu notre capacité à filtrer ce qui est important et ce qui ne l'est pas. Les psychologues appellent cela la « fatigue décisionnelle »: plus nous sommes contraints de faire des choix, plus la qualité de notre décision se dégrade.
Trop de pression sociale
Ce n'est pas seulement le nombre de choix qui a augmenté de façon exponentielle, c'est aussi la force et le nombre d'influences extérieures sur nos décisions qui ont augmenté. Nous vivons actuellement dans un monde hyper connectés où la surcharge d'informations peut être source de distraction et elle a également augmenté la force de la pression sociale.
Aujourd'hui, la technologie a abaissé la barrière de sorte que tout un chacun peut exprimer son opinion sur la gestion dont on gère notre vie et sur quoi nous devrions nous concentrer. Ce n'est pas seulement une surcharge d’informations; c'est une surcharge d'opinion.
L'idée que "Vous pouvez tout avoir"
L'idée que nous pouvons tout avoir et tout faire n'est pas nouvelle. Ce mythe a été colporté pendant si longtemps, que pratiquement tout le monde y croit et je m’inclus évidemment parmi ses gens. Il est vendu dans la publicité, il est défendu dans les entreprises, il est partout!
Ce qui est nouveau, c'est à quel point ce mythe est particulièrement dommageable aujourd'hui, à une époque où les choix et les attentes ont augmenté de manière affolante. Il en résulte que les personnes stressées essaient d'entasser encore plus d'activités dans leur vie déjà surchargée.
Greg McKeown explique d’ailleurs dans son livre que le mot priorité est entré dans la langue anglaise dans les années 1400. À l’époque, c’était un mot au singulier. Cela signifiait la toute première chose d’importance. Il est resté singulier pendant les cinq cents années suivantes.
Ce n'est que dans les années 1900 que nous avons pluralisé le terme et commencé à parler de priorités. Illogiquement, nous avons pensé qu'en changeant le mot, nous pouvions déformer la réalité. Que d'une manière ou d'une autre, nous serions maintenant en mesure d'avoir plusieurs « premières » choses. Les gens et les entreprises essaient régulièrement de faire cela. Ça donne l'impression que beaucoup de choses sont la priorité mais ça signifie souvent que rien ne l'est.
« Si vous ne donnez pas la priorité à votre vie, quelqu'un d'autre le fera. »
Lorsque nous essayons de tout faire et de tout avoir, nous nous retrouvons à faire des compromis que nous ne considérerions possiblement jamais si nous avions une stratégie basée sur nos intentions et nos objectifs. Lorsque nous ne choisissons pas délibérément où concentrer nos énergies et notre temps, il y a de fortes chances que nos patrons, nos collègues, nos clients et même nos familles, choisiront pour nous. Et bien assez vite nous aurons perdu de vue tout ce qui est significatif et important. En d’autres mots, nous pouvons soit faire nos choix délibérément, soit permettre aux autres de contrôler nos vies.
Le livre Essentialism – the Disciplined Pursuit of Less explique comment départager l’essentiel du superflu afin de faire moins mais mieux. Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à lire ce livre.
J’en parlerai également dans mon dernier balado de la saison avec mon amie Hélène Mercier qui est la personne la plus essentialiste que je connaisse. Le balado sera disponible à compter du 1er juillet ici : auboutdesoi.ca/balado.
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[1] Source : Essentialism – the Disciplined Pursuit of Less, page 6.
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